Depuis seize ans, l’association Atelier Vidéo & Multimédia, aujourd’hui labélisé Pôle Régional d’Education aux Images travaille sur le territoire Guyanais autour de l’éducation aux images, l’initiation et la formation à l’audiovisuel.
Nous sommes engagés dans le cadre du Plan d’Investissement Compétences (PIC) pour lequel nous portons en consortium le projet Ambition Ouest Compétence dont l’objectif est de remobiliser des jeunes éloignées de l’emploi, en les accompagnant sur le développement et la valorisation de leurs compétences.
Il s’agit de sélectionner les meilleurs profils ayant émergé durant les derniers ateliers audiovisuels portés par l’association dans la ville Saint-Laurent du Maroni en Guyane, pour leur permettre de vivre leur première expérience professionnelle d’écriture de film, de tournage et de post-production.
Ce projet a pour ambition de créer une dynamique d’insertion professionnelle autour de la réalisation d’un court-métrage de fiction sur un mode : Exigeant, innovant, participatif et économique.
À travers cet appel à projets, l’engagement du Ministère des outre-mer en faveur de la jeunesse s’articule autour de trois axes :
– Le premier, ciblé sur l’accompagnement des jeunes au sein des territoires ultramarins afin de renforcer les outils en faveur de leur insertion sociale ;
– Le deuxième, ciblé sur l’insertion économique des jeunes, en complément des dispositifs déjà mis en œuvre ;
– Le troisième, ciblé sur l’accompagnement des jeunes ultramarins domiciliés dans l’Hexagone en vue de favoriser, pour ceux qui le souhaitent, le retour vers leur territoire d’origine.
LA CRÉATION EN PARTAGE
Courant 2022, le Pôle Image Maroni a répondu à l’appel à projet Jeunesse outre-mer, lancé par le Ministère des Outre-mer ; 32 ont été retenus, dont 4 en Guyane. Le PIM fait partie des lauréats en portant ce projet en partenariat avec l’association Libacadabra dans le cadre du dispositif Passeurs d’Images.
Ce projet a pour ambition de créer une dynamique d’insertion professionnelle autour de la réalisation d’un court-métrage de fiction sur un mode : exigeant, innovant, participatif et économique.
Exigeant : avec Hugo Rousselin, réalisateur et scénariste, intervenant régulier dans nos ateliers. Il a participé activement à la création de ce projet. Il mènera la direction artistique et coordonnera la formation des jeunes. Swann Arlaud comédien de renom accompagnera la direction d’acteur. Deux sociétés de production sont pressenties pour s’engager dans le projet afin de permettre au film une production professionnelle et une diffusion en festival. Création et esthétisme sont donc au rendez-vous !
Innovant : car reposant sur un mode de production alternatif participatif : chaque jeune sélectionné aura défini le corps de métier qui l’intéresse et dans lequel il souhaite développer ses compétences (images, sons, écritures, mise-en-scène, logistique, etc…). Il sera tutoré et formé par le chef de poste du secteur d’activité qu’il aura choisi et participera à tout le processus d’élaboration d’un film dans ce secteur.
Economique : chaque chef de poste engagé dans le projet, en charge de l’accompagnement pédagogique accepte d’être rémunérer au smic afin de ne pas alourdir le processus de production du film.
L’archéologie du contemporain
« Les jeunes avec qui je travaille sont généreux dans la manière de me transmettre leur culture. Souvent les thématiques qu’ils choisissent pour leurs films sont empreintes de magico-religieux… faire des films avec eux, c’est entrer en connaissance de parts très intimes de leur culture. Faire des ateliers c’est un échange à double sens, je suis ignorant de la majeure partie de ce qu’ils sont et ils ne connaissent pas le métier du cinéma, alors chacun essaye d’aller vers l’autre dans un but commun, celui de faire un film qui les touche dans la forme comme dans le fond. » Hugo Rousselin (réalisateur, intervenant pour le Pôle Image Maroni).
Mise en œuvre :
Le projet est divisé en quatre grandes étapes :
– Octobre 2022 : Sélection des profils
– Décembre 2022 : Ecriture du film ; l’intérêt est de pouvoir concerner le public cible par un sujet qui les touche directement, d’où l’importance dans la sélection de mettre en avant un profil voulant développer l’écriture de scénario pour travailler en tandem avec Hugo Rousselin. Le scénario fera l’objet d’un contrat de cession de droit d’auteurs en bon et due forme.
– Juin 2023 : Tournage : L’ensauvagement. Encadrée par le réalisateur Hugo Rousselin, l’équipe était notamment composée de 8 apprenants du dispositif AOC (Ambition Ouest Compétences).
Outre les volets « insertion et apprentissage », ce projet est aussi un travail sur la mémoire et la collecte d’histoires de la tradition orale que l’on retrouve notamment sur l’île Portal, située face à Saint-Jean du Maroni, un quartier de Saint-Laurent du Maroni.
Entourés d’une véritable équipe de professionnels, les jeunes ont découvert les différents métiers nécessaires à la réalisation d’un court-métrage de fiction. Acteur, ingénieur du son, assistant caméra, assistant régie, maquilleuse, décoratrice, assistant-réalisateur et assistant de production étaient les fonctions qu’ils avaient à remplir.
Sous un rythme soutenu du matin au soir, en totale immersion, ils ont vécu ce tournage de 6 jours, un challenge les sortant de leurs quotidiens, et les faisant faire appel à beaucoup d’adaptation, d’observation et réactivité
– Automne 2023 : Post-Production ; elle se fera à Saint-Laurent du Maroni sous l’égide du réalisateur et du chef monteur et ne dépassera pas quinze jours. Elle permettra à un profil déjà formé sur le logiciel de montage Adobe Première et le logiciel d’effet spéciaux Adobe After Effect de participer en tant qu’assistant monteur à son premier film de niveau professionnel.
– Hiver 2024 : film fini, titre définitif : Opo taampu.
A l’occasion de la projection en avant première du film Opo Taampu, découvrez le reportage de Chronique du Maroni. C’était le 21 février dernier au Camp de la Transportation à Saint-Laurent du Maroni. Depuis, le film a été présenté aux Rencontres nationales des pôles régionaux d’éducation aux images, qui se déroulaient à Lille les 18 et 19 mars derniers.
Le film produit par les sociétés 5°Nord Productions et Fulgurance films va vivre au sein des festivals et va bénéficier de la diffusion d’œuvres audiovisuelles en salles ou à la télé, une grande fierté pour les associations saint-laurentaises, porteuses de ce projet : le Pôle Image Maroni et l’espace de vie sociale Bondu na wan.